Historique du mouvement de la coopérative de travail-Fin du XIXe siècle à 1970 article 1/4

Dans cette série de quatre articles, nous revenons sur l’histoire de la coopérative de travail. Dans ce premier article, nous nous attardons sur les racines de la coopérative de travail ainsi que son émergence au Québec. Dans le deuxième, nous aborderons la période de renouveau des coopératives de 1970 à 1995. Dans le troisième, nous expliquerons l’évolution des coopératives de travail de 1995 à aujourd’hui et dans le dernier nous définirons les phases d’évolution du Réseau Coop depuis sa création.

Racines au Québec, fin du XIXe/début du XXe

En 1867, l’adoption d’une loi générale visant la création d’associations coopératives permet à quelques coopératives de travail, qui à l’époque prenaient le nom de coopératives de producteurs, de voir le jour. Imprimerie coopérative, fabrique de malles coopérative, société de charpentiers de navires sont du lot. Parmi celles-ci, vers les années 1880, une coopérative de construction navale se crée à Lévis et subsista une vingtaine d’années. D’autres coopératives de travail ont vécu quelques décennies dans l’entre-deux-guerres, mais le mouvement s’essoufflera et ces organisations ne survivront guère longtemps.

 

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Légende: Archives de Tricofil

Émergence au Québec, 1940 – 1970

La naissance des coopératives forestières

Les coopératives forestières ont une histoire dont les contours et les caractéristiques épousent bien souvent l’histoire du peuplement des régions forestières où elles sont omniprésentes. Les premières coopératives forestières ont été créées en 1938 en Gaspésie et en Abitibi ; “Au cours des deux décennies qui suivront, ces syndicats coopératifs se répandront dans les régions de la Gaspésie et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il en existait 21 en 1946.” Étroitement associées au syndicalisme agricole, les coopératives forestières ont été créées pour organiser la force de travail des colons qui offraient leurs services en forêt pendant la saison hivernale. À cette époque, les coopératives forestières ont permis d’améliorer le sort de ces travailleurs qui étaient contraints à gagner leur vie dans des conditions très difficiles. Elles ont constitué une réponse originale de la part des populations locales qui cherchaient à obtenir une meilleure part de la prospérité forestière.

Imprimerie Harpell

En 1945, l’imprimerie Harpell, située à Ste-Anne-de-Bellevue se transforme en coopérative de travail. Cette entreprise qui compta à son plus fort près de 300 membres travailleurs a survécu près de cinquante ans. La sclérose démocratique qui amena son incapacité à s’adapter aux changements technologiques a eu raison de sa fermeture dans le milieu des années 90. Le premier président élu de la Fédération québécoise des coopératives de travail lors de sa fondation en 1985 était d’ailleurs Aurèle Séguin, président de Harpell.

Le portrait ne changera guère durant cette période si ce n’est qu’à partir des années 1970 où émergent des expérimentations plus nombreuses de coopératives de travail, entre autres par de jeunes professionnels, et à partir de 1974, le cas célèbre de Tricofil.

Rendez-vous au prochain article pour la suite, où nous parlerons du mouvement de renouveau des coopératives dans les années 1970 à 1995.

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