L'évolution des coopératives de travail - 1995 à aujourd'hui Article 3/4

Dans cette série de quatre articles, nous revenons sur l’histoire de la coopérative de travail. Dans le premier article,  nous nous attardions sur les racines de la coopérative de travail ainsi que son émergence au Québec. Dans le deuxième, nous aborderions la période de renouveau des coopératives de 1970 à 1995. Dans ce troisième, nous expliquerons l’évolution des coopératives de travail de 1995 à 2007 et dans le dernier nous définirons les phases d’évolution du Réseau Coop depuis sa création.

La naissance d’un mouvement de la coopération du travail

Tricofil a marqué les esprits durant de nombreuses années. Échec pour certains, alors que d’autres ont préféré y voir le début de quelque chose. L’un des co-fondateurs, Paul-André Boucher ainsi que quelques autres visionnaires de l’époque, ont voulu bâtir sur leurs expériences : continuer à former d’autres coopérateurs-trices du travail afin de les habiliter à mieux gérer les entreprises et réunir les coopératives de travail existantes dans le but de former un mouvement fort, partageant des valeurs communes et une même vision de l’économie (équité, justice sociale et empouvoirement des travailleurs) Ainsi est né, en 1981, le Comité provincial des coopératives de travail. Au départ, cette organisation faitière jouait un rôle de formation des coopérateurs et de représentation des coopératives de travail.

tricofil

Peu de temps après, en 1985, est créée la Fédération québécoise des coopératives de travail (FQCCT). La mise en place d’une fédération à proprement parler amène le Comité provincial à se redéfinir et transformer sa mission. Le Comité provincial délaisse alors son mandat de représentation des coopératives pour se concentrer sur la formation des coopérateurs et coopératrices du travail. Le Comité provincial devient le RQCCT (Regroupement québécois des
coopérateurs et coopératrices du travail), convaincu que pour assurer la pérennité des coopératives, il est impératif que les travailleurs soient formés à la gestion et à la gouvernance de ce type d’organisation.

Simultanément en 1985, on assiste à la création de la Conférence des coopératives forestières du Québec (CCFQ) qui deviendra l’actuelle Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF). En 1998, les organisations regroupant les coopératives de travail du Québec se réunissent au sein d’une Table de concertation « Cooper’action ». Cette Table réunit la Conférence des coopératives forestières du Québec (act Fédération québécoise des coop forestières), la Fédération québécoise des coopératives de travail, la Fédération des Coopératives de travailleurs actionnaires (CTA) et le RQCCT.

En 2002, Le RQCCT prend le nom de Regroupement pour la coopération du travail (RQCT). Ce dernier a un mandat d’éducation (via le projet des Coopératives jeunesse de services (CJS)) et d’accompagnement au démarrage de nouvelles coopératives par une approche d’éducation populaire. Dans l’optique de mieux structurer et renforcer la coopération du travail au Québec, l’idée a germé de procéder à un regroupement formel entre la Fédération québécoise des coopératives de travail (FQCT) et le Regroupement québécois pour la coopération du travail (RQCT). Cette fusion s’inscrit dans les suites des réflexions issues des États généraux de 2005.

Le 14 février 2007 est né de cette fusion le Réseau de la coopération du travail du Québec (Réseau COOP), une coopérative de solidarité. Celui-ci a conservé les services offerts à l’origine par le RQCT et la FQCT. Cette nouvelle organisation englobait ainsi les mandats des deux organisations fondatrices : soit d’une part le service aux coopératives membres et la représentation, et d’autre part, l’éducation à la coopération et le soutien au démarrage de nouvelles coopératives. Cette fusion permettait désormais de renforcer le déploiement des coopératives de travailleurs au Québec et d’unifier les forces de la coopération du travail.Ce pari porte aujourd’hui ses fruits. Alors qu’au moment de la fusion (2006), la Fédération québécoise des coopératives de travail ne comptait plus que 14 membres actifs, le Réseau COOP compte aujourd’hui plus de 100 coopératives membres.

Consolidation, 1995 – 2010

Dans les suites de la coopérative de travail Café Chaos, institution de la scène underground, en plein cœur du Quartier latin à Montréal, une foule de petites initiatives coop soutenues par de jeunes diplômés sont mis en place : plusieurs cafés, mais aussi des coopératives de travail voient le jour dans les secteurs des communications, vidéo, design, radiodiffusion, plein air, services professionnels, microbrasseries, etc.

Révolution – la nouvelle génération, 2010 à aujourd’hui

Dans un contexte de plein emploi, la question de l’emploi se recentre autour du sens au travail. La nouvelle génération de coopérateurs souhaite plus que jamais travailler autrement. Ils-elles désirent reprendre du pouvoir sur soi par le travail qui occupe une importante partie de nos vies.

Plutôt que de subir, ils désirent construire, choisir et créer; vivre en cohérence avec leurs valeurs, leurs aspirations.

Qui est cette nouvelle génération de coopérateurs et coopératrices ?
– Les pionniers dans leur domaine: Architectes, Ingénieurs, psychologues et autres professions
régies par des ordres professionnels qui, accompagnés par le Réseau COOP, ont fait
reconnaître la coopérative de travail comme une forme juridique d’entreprise possible pour
leurs membres.
– Les Artisans : jeu vidéo (Lucid Tales), Microbrasseries (La Barberie (pionnière)) et autres
firmes-conseils (Meilleur monde…)
– Les transferts d’entreprises aux travailleurs (Percolab, Eco-territoire, Edgar…)
– Les travailleurs de métier : électriciens (Courant alternatif) , menuisiers (Maître d’oeuvre, La
Couverte…)

 Rendez-vous au dernier article pour la suite, où nous parlerons des trois phases du Réseau COOP. 

Vous voulez en savoir plus sur les coopératives de travail? Ne manquez pas notre formation « C’est quoi une coop? »