Une vaste enquête dresse le portrait et les dynamiques associatives des coopératives de solidarité

Le Réseau COOP a mené début 2022 une vaste enquête visant à mieux comprendre la réalité des coopératives de solidarité (CS) du Québec : leurs caractéristiques (taille, secteur, etc.) mais aussi leurs dynamiques internes. La cohabitation de plusieurs catégories de membres – spécificité de ce modèle coop – génère en effet des arrangements et parfois des tensions entre des parties prenantes poursuivant des buts divergents. Ces dynamiques n’étaient jusqu’alors pas connues – faute de données empiriques – faisant de la gouvernance des CS une « boite noire ». Pourtant, cette forme coopérative est la plus populaire au Québec depuis sa création en 1997 (en nombre de créations).

Deux vagues de sondage et dix entretiens qualitatifs ont permis de dresser un portrait précis de ce sous-secteur de la coopération. Grâce au soutien de la coopérative de recherche en sciences sociales Le Collaboratoire, plus de 100 réponses reçues de 71 coops ont pu être récoltées, analysées et documentées.

Les coopératives de solidarité sont majoritairement des petites et moyennes entreprises, implantées sur tout le territoire du Québec, en milieux urbain comme rural. Elles opèrent dans des secteurs très variés, notamment dans les services (commerce, restauration hôtellerie, services-conseils, services sociaux, …). Elles témoignent d’une bonne longévité, affichant un taux de survie égal à la moyenne des coopératives (celui-ci étant largement supérieur à celui des entreprises québécoises en général*).

L’étude a également révélé que pas moins de 22 combinaisons de catégories de membres étaient possibles pour structurer la gouvernance d’une coopérative de solidarité. En effet, en plus des membres travailleurs et de soutien, la catégorie de membres utilisateurs se subdivise en consommateurs, producteurs-entreprises et producteurs-artisans. La versatilité de la coopérative de solidarité en fait ainsi sa force, la rendant adaptable à de nombreux contextes, et sa faiblesse, suscitant des confusions de la part des promoteurs.

Si la structuration des CS fait la part belle aux membres de soutien – innovation de la forme CS – ce sont les membres consommateurs qui sont le plus souvent dominants. Souvent majoritaires de fait en nombre de membres (une entreprise compte généralement plus de clients que d’employés), ils sont également les mieux représentés dans les conseils d’administration. Ces dynamiques peuvent générer des tensions et marginaliser le poids des travailleurs. Pourtant, ceux-ci sont à la fois les producteurs des biens et services vendus par la coop et également les plus impactés par les décisions des dirigeants et administrateurs (ces décisions ont des effets directs sur leurs conditions de travail).

Plusieurs outils de diffusion de ces résultats sont mis à disposition des acteurs concernés, tant du milieu de la pratique qu’académique :

Nous avons pu compter dans ce projet sur l’expertise et le soutien d’un comité de pilotage pluridisciplinaire. Un immense merci donc à Claire l’Heureux (Coopérative de développement régional du Québec), Dan Furukawa Marques (Chaire de leadership en enseignement Albain D’Amours en sociologie de la coopération, Université Laval), Luc Audebrand et Myriam Michaud (Chaire de leadership en enseignement sur l’engagement social, Université Laval), Marie Lacasse (Conseil québécois de la coopération et de la mutualité), Martin-Pierre Nombré (Caisse d’économie solidaire Desjardins), Pierre Charrette (Réseau d’investissement social du Québec) et Yvon Létourneau (Desjardins Capital).

 

*64% de coopératives toujours en activité après 5 ans, contre 35% en moyenne pour les entreprises québécoises. Source : enquête du ministère de l’Économie et de l’innovation (2022).