Les radios coopératives à licence commerciale : Un appui est nécessaire pour préserver l’information locale et régionale

Dans le cadre des discussions des crédits budgétaires, les radios coopératives de travail, qui jouent un rôle essentiel dans la vitalité des régions, demandent une reconnaissance et un financement équitable de la part du gouvernement du Québec. Actuellement entre deux chaises, ces radios, indépendantes et ancrées localement, se battent pour conserver leur indépendance face aux géants du Web et assurer un service de qualité à leurs auditeurs dans les régions de la Gaspésie et de l’Estrie.
Une situation difficile pour les radios coopératives à licence commerciale
Les radios coopératives telles que CHNC en Gaspésie et M105 en Estrie ne bénéficient pas du même soutien que leurs homologues communautaires, bien qu’elles partagent des missions similaires : offrir une information locale de qualité, maintenir l’emploi dans les régions et soutenir le développement économique régional. Les médias communautaires, souvent privilégiés dans les programmes d’aide, ainsi que les petits journaux privés, continuent de recevoir des subventions et des avantages qui échappent aux radios coopératives de travailleurs, pourtant tout aussi nécessaires à la vitalité démocratique de leurs territoires.
Ces radios coopératives à licence commerciale, tout comme leurs homologues communautaires, n’ont pas comme but principal de faire des profits, mais de garantir un service médiatique de qualité qui serve les intérêts de la communauté. Cependant, elles ne bénéficient pas des financements accordés à ces radios communautaires, ni des avantages qu’elles reçoivent, comme les subventions pour la masse salariale, la publicité gouvernementale prioritaire, ou les gains de loterie.
Pourtant, depuis 2013, le gouvernement du Québec s’est doté d’une loi-cadre en économie sociale qui reconnaît officiellement les coopératives comme des acteurs essentiels de notre économie, en particulier pour leur contribution à la création d’emplois durables et à la vitalité des régions. Cette loi transversale vise à reconnaître les coopératives sur le même pied que les OBNL dans l’ensemble des programmes de financement dédiés à ces entreprises collectives et démocratiques. « Cette reconnaissance ne se traduit cependant pas encore par un soutien financier adéquat pour les coopératives de travail, notamment celles opérant dans le secteur des médias, comme les radios coopératives de travailleurs », précise Isabel Faubert Mailloux, directrice générale du Réseau COOP.
Un modèle unique mais à risque
Au Québec, il existe à ce jour seulement deux radios coopératives de travailleurs, CHNC et M105. Ces radios ont été créées par d’anciens employés de stations privées, qui ont obtenu les licences et ont ensuite transformé ces stations en coopératives, dans le but de maintenir l’information régionale et de sauver des emplois dans leurs communautés.
« Ce modèle d’économie sociale permet aux employés d’avoir une voix et un vote dans la gestion de l’entreprise, assurant ainsi une gouvernance démocratique et une programmation locale axée sur les besoins de la communauté » souligne Guy Laporte, Directeur général de la radio M105.
Cependant, ces radios sont désormais confrontées à des défis de taille. « Les radios coopératives, bien qu’elles incarnent pleinement les valeurs de l’économie sociale – en favorisant la démocratie, l’inclusion et l’engagement communautaire – se retrouvent exclues des programmes de financement qui profitent à d’autres acteurs de l’économie sociale, tels que les radios communautaires », mentionne Georges Daviault, directeur général de la radio CHNC. « On a besoin l’un de l’autre – radio coop à licence commerciale et radio communautaire -pour combattre les géants du web », ajoute Georges Daviault. Les géants du Web, tels que Google et Facebook, captent la majeure partie des revenus publicitaires nationaux, réduisant ainsi les budgets des radios locales et régionales. Les revenus de la publicité, essentiels à la pérennité de ces stations, sont de plus en plus difficiles à obtenir, menaçant leur survie.
Une solution : l’admissibilité au financement des médias communautaires
Afin de permettre aux radios coopératives à licence commerciale de continuer à jouer leur rôle crucial en région, nous demandons au gouvernement du Québec de les rendre admissibles aux programmes de financement existants pour les radios communautaires. Cette reconnaissance pourrait trouver écho à court terme dans le cadre du Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2025-2030, jusqu’à ce que le programme du Ministère de la Culture et des Communications (MCC) du Québec « Aide au fonctionnement pour les médias communautaires » puisse assurer un soutien financier équitable à ces radios coopératives, qui répondent aux mêmes objectifs sociaux que les radios communautaires. Afin de faire face aux géants du web, un soutien financier est nécessaire pour soutenir les radios de l’économie sociale, qu’elles soient sous forme de coop ou d’OBNL.
Un appel à l’action : Pour préserver l’information locale et régionale
Les radios coopératives sont des partenaires incontournables pour le maintien d’une information locale de qualité dans des territoires souvent délaissés par les grands réseaux d’information. Ces stations offrent un service public de qualité, sont ancrées dans leurs territoires et sont gérées de manière démocratique par leurs employés, qui sont des membres actifs de leurs communautés.
Dans ce contexte, il est impératif que le gouvernement du Québec reconnaisse leur contribution unique et leur accorde le soutien nécessaire pour qu’elles puissent continuer à remplir leur mission. Nous appelons donc les responsables politiques à agir et à intégrer les radios coopératives à licence commerciale dans les programmes de financement dédiés aux médias communautaires. Un nouveau programme de financement dédié aux radios de l’économie sociale à licence commerciale pourrait aussi être créer afin d’offrir à ces radios une aide pour préserver l’information régionale et soutenir l’économie sociale dans nos communautés.
L’avenir des coopératives : Un appel à la reconnaissance et au financement
Face aux défis économiques actuels et aux bouleversements numériques, le Réseau COOP plaide pour une meilleure reconnaissance des coopératives dans les politiques publiques. Le Réseau COOP milite pour une réforme des critères d’admissibilité aux programmes d’aide, afin que toutes les coopératives puissent bénéficier de l’ensemble des soutiens offerts aux entreprises d’économie sociale, quelle que soit leur structure juridique, tel que prescrit par la loi-cadre en économie sociale. Cette reconnaissance est essentielle pour préserver la vitalité des coopératives de travail qui sont aussi très ancrées dans leur territoire et y jouent un rôle clé dans le développement économique des territoires.
À propos des radios coopératives : Les radios coopératives de travail, telles que CHNC (Gaspésie) et M105 (Estrie) sont des entreprises d’économie sociale appartenant à leurs employés. Ces stations, qui se sont formées face à la menace de fermeture ou de vente, offrent des services de radiodiffusion locaux et régionaux tout en soutenant l’économie et la culture de leurs communautés. Elles jouent un rôle vital dans la diffusion d’informations locales, tout en offrant des emplois de qualité aux membres de la coopérative.
À propos du Réseau COOP : Le Réseau COOP soutient le développement et la reconnaissance de la coopération du travail au Québec afin de contribuer à transformer le monde du travail par une plus grande participation des travailleur.euse.s aux décisions et par un meilleur partage de la richesse créée.
Le Réseau COOP représente 130 coopératives gérées par les travailleurs dans les différentes régions du Québec. Il soutient la création, le développement et la pérennité des coopératives gérées par les travailleurs. Le Réseau COOP offre des services variés d’accompagnement technique, financier et stratégique, permettant ainsi à ses membres de renforcer leurs capacités, d’innover et de maintenir des emplois.